oxymores du nouveau français | mots pas sots
« Mots pas sots » décortique les idiomes pour ne pas finir idiot. Parce qu’il vaut mieux clouer le bec que rester bouche bée.
De nos jours, il faut être en marge de la mode pour être tendance. Il faut être méticuleusement et
soigneusement négligé pour être élégant. Et il faut être savamment blasé pour enthousiasmer.
Mots Pas Sots
vous propose un top des nouveaux mots fleurissant dans la langue française qui signifient tout et son
contraire.
Swag
Pour l’être, ne le dites pas
Hashtag
Remplace « je suis en train de vous parler de ». Après avoir écrit comme on parle, on parle comme on écrit.
Hipster
Personne à la mode donc personne ringarde.
Vintage
Ringard donc à la mode.
Has been
Qui fut autrefois à la mode donc de nouveau tendance aujourd’hui.
Geek / Nerd
Les véritables geeks ou nerds ne s’auto-proclament pas ainsi. Ceux qui affirment l’être sont en réalité des hipsters.
MILF
En français, manière polie de complimenter la génitrice d’une connaissance.
En anglais, rubrique sur les
sites pornographiques.
LOL
Le dire nous épargne le besoin de sourire et démontre subtilement et lourdement notre mépris de l’autre.
Fooding
Idée novatrice de passer du bon temps en mangeant (cf Gastroporn)
(Too) mainstream
Ce que tout le monde fait sauf les hipsters qui ne s’identifient pas comme des hipsters.
Le bomeur
Contraction de bourgeois et chômeur. Il est souvent l’enfant de deux bobos. En d’autres termes, les bomeurs
sont ceux qui ennuyés par les études et arrosés d’argent par leurs parents ne ressentent ni l’envie ni le besoin de
s’épanouir professionnellement et vivent confortablement sur les ressources de leurs aïeuls.
Il me semble qu’on
appelait jadis ces personnes des aristocrates, l'amour de la culture en plus.
Yolo
Abréviation de “You Only Live Once”. Locution utilisée pour cautionner des impulsions un peu fofolles
chez les jeunes. Autant dire un comportement immature et irresponsable.
L’évolution vers le bas du “Carpe
Diem”. Et dites vous que ces jeunes vont payer nos retraite.
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Aujourd’hui, oubliant qu’il faut sortir couvert, le couvre-chef se fait farouche. Il hésite de plus en plus à se montrer au grand jour, et lorsqu’enfin il ose apparaître en public, il se manifeste via son apparence la plus austère : le bonnet. Il a perdu presque toutes ses qualités esthétiques, il est dorénavant seulement pratique. Revenons trois siècles en arrière, apothéose des chapeaux, coiffes, capuchons, galurins, bicornes, tricornes, bonnets, toques et j’en passe, l’époque où le couvre-chef est un ornement esthétique par excellence. Pas une seule dame ne pouvait se réclamer à la dernière mode sans un chapeau assorti à sa tenue. Quelle ignominie, quelle faute de goût d’oser se présenter en société la tête découverte. Le chapeau est primordial, c’est un accessoire indispensable au bon goût, venant aussi subtilement qu’une mouche parfaire l’apparence vestimentaire des gens de qualité. Si nous devions résumer l’apparence des chapeaux à la mode pour la gent féminine au XVIIIe, les termes discrets et épurés conviendraient à merveille pour décrire ce à quoi ils ne correspondaient pas du tout. Plus on monte dans l’échelle sociale, plus les chapeaux se font volumineux, baroques et originaux, abandonnant la notion même de confort. Même si on adopte l’habit masculin, on enfile au choix son tricorne ou son bicorne. Le styliste mondain ne recule devant aucune matière pour garnir ses chapeaux. Ainsi peut-on voir des couvre-chefs ornés de tissus, frou-frou, dentelle, traine de tissus et nœuds en tout genre qui prennent davantage de place avec les années à l’instar du chapeau qui occupe lui aussi un champ plus important sur les têtes. Viennent ensuite les plumes, d’abord avec parcimonie, puis avec prodigalité, si bien que l’on n’est plus en mesure de savoir s’il s’agit d’un chapeau orné ou d’un oiseau inerte. Le chapeau grandit, devenant plus grand que la tête, il peut se porter de côté, droit, relevé ou rabattu, mais toujours avec un attirail subreptice pour feinter l’aisance du maintien et le confort du chapeau. A l’image des nobles, le chapeau se fait superficiel et inutile. Il est réduit à une simple mais élaborée démonstration de richesse. On a dépassé les raisons pratiques qui ont amenées sa création. Le port du chapeau devient un signe ostentatoire de richesse qui occupe une place de plus en plus importante sur le corps. On ne sait plus vraiment à quoi sert un chapeau, mais on est sûr qu’on se doit d’un mettre un.

Nous nous adonnons à cette activité régulièrement. Pour certains, ce geste est même quotidien. Il est partagé par tous. C’est un moment particulier que nous vivons chacun à notre manière. Les uns, les plus assidus, ont leurs rituels, leurs habitudes quasi méthodiques, et les autres fonctionnent à l’instinct, se laissant aller au gré de leurs envies. Mais pour la plupart d’entre nous, nous nous lançons lorsque nous n’avons plus d’autre choix, lorsque le besoin d’évacuer est à son paroxysme. Ce besoin peut aussi dans certains cas s’assimiler à une commission, petite ou grosse. Chacun a un jour connu l’angoisse terrible que l’envie de désemplir – son âme ou son corps – nous prenne dans un lieu inadéquat, comme un lieu public. Que cette envie soit si vive, voire maladive, et que rien ne puisse aider à nous apaiser. La seule alternative qu’il nous reste est celle de patienter. Et si l’inspiration m’échappait ? Et si je ne réussissais pas à me retenir ? Atermoyer à contre cœur donc, prendre sur nous car cet acte demande un certain isolement. Pour mener à bien cette tâche, l’idéal est de se trouver dans un lieu familier et réconfortant, même si parfois nous n’avons pas vraiment le choix. Mais si nous voulons être efficient, il nous faut une thébaïde. En résumé, c’est encore chez nous que nous sommes le plus commode. Et lorsque nous sommes lancés, nous ne voulons en aucun cas être dérangés. Ce moment n’appartient qu’à nous. Cette activité nous demande systématiquement du papier – sauf peut-être pour les plus imaginatifs d’entre nous – dans des quantités très variables d’une fois sur l’autre. Le fruit de notre effort est en corrélation avec notre expérience passée, notre vécu, les choses que nous avons encaissées. C’est parfois agréable, parfois douloureux. Et même si parfois cette action nous semble triviale, ou que nous en sortons avec une frustration amère, comme si notre geste avait été interrompu, que quelque chose nous ait empêché de mener à bien notre tâche et d’aller au bout des choses, c’est un besoin naturel indispensable à notre bien-être intérieur et notre félicité. Je me risquerai à dire que c’est même parfois une question de survie.

Pour ce sujet, je concilie les deux puisque je vais vous parler du temps où les foyers possédaient un téléviseur. De nos jours, où les nouvelles chaînes de télévisions poussent comme des ronces dans un bosquet de roses, il est de plus en plus difficile de trouver les boutons de fleurs, mais de plus en plus aisé de se faire épingler et prendre au piège. Dorénavant, c'est le téléviseur qui possède le foyer. Du temps où les chaines de télévision n’étaient qu'au nombre de six, chacune avait la préférence d’une personne du foyer. On connaissait les programmes, les émissions, le visionnage était ponctuel et réfléchit ; on butinait des programmes connus afin de récolter des bienfaits recherchés. La télévision était un outil parmi d’autres pour satisfaire notre curiosité ou pour nous distraire le temps d'un programme. Même si nos connaissances en matière de programmation se révélaient lacunaires, un tour d’horizon était vite opéré. Et si rien ne nous convenait, nous éteignions le poste et allions nous donner à d’autres activités, hors ou non du foyer, comme le jardinage par exemple. Aujourd’hui, si nous concrétisons le projet de faire le tour des chaines, dans le but de trouver un programme attirant notre attention, même si le premier tour ne donne rien, il aura été si long que les programmes auront eu le temps de changer et donc un deuxième tour s’impose, et ainsi de suite. Vous avez de grandes chances de finir en zappeur chronique. Cependant, avec la multiplication des chaînes spécialisées, votre spectre de zappage se réduira et vous trouverez à coup sûr une distraction. Car hélas le vrai problème est là, c’est le besoin de distraction qui nous amène systématiquement devant notre téléviseur. Avant, nous allions regarder la télévision avec une idée de visionnage, distractif et/ou culturel d’ailleurs. Maintenant, nous choisissons la télévision car nous voulons être distraits en faisant le moins d’effort possible. Nous délaissons donc tous les autres loisirs que nous avons pu avoir, et nos jardins restent secs, stériles, et ne sont plus utiles à personne. Les enfants font l’école buissonnière pour végéter devant leur pose de télévision. Est-ce que la télévision est la cause du flétrissement de notre société? Est-ce que si vous arroser abondamment une fleur d’eau, elle ne prend plus la peine d’enfoncer ses racines au plus profond du sol? Il semble loin le temps de l'enfance, où pour vivre heureux, il suffisait de cultiver son jardin.

Dans la vie, il y a ceux qui, au contact d’une chose nouvelle, sont plein de curiosité et d’entrain. Et puis il y a ceux qui, au contraire, les rejettent aussitôt par peur du changement. Mon instinct perspicace me souffle que les personnes les plus avisées font partie de la première catégorie. Soyons donc des individus sagaces et allons au contact des mots nouveaux aujourd’hui avec l’ouvrage Ossobuco, écrit par un italien au vocabulaire français riche et élaboré.