chapeau & coquetterie au XVIIIe siècle: l'art du détail
Elle est loin l’époque où pour briller en société, il fallait être bien habillé, et ce de la tête aux pieds.
Aujourd’hui, oubliant qu’il faut sortir couvert, le couvre-chef se fait farouche. Il hésite de plus en plus à se montrer au grand jour, et lorsqu’enfin il ose apparaître en public, il se manifeste via son apparence la plus austère : le bonnet. Il a perdu presque toutes ses qualités esthétiques, il est dorénavant seulement pratique. Revenons trois siècles en arrière, apothéose des chapeaux, coiffes, capuchons, galurins, bicornes, tricornes, bonnets, toques et j’en passe, l’époque où le couvre-chef est un ornement esthétique par excellence. Pas une seule dame ne pouvait se réclamer à la dernière mode sans un chapeau assorti à sa tenue. Quelle ignominie, quelle faute de goût d’oser se présenter en société la tête découverte. Le chapeau est primordial, c’est un accessoire indispensable au bon goût, venant aussi subtilement qu’une mouche parfaire l’apparence vestimentaire des gens de qualité.
Si nous devions résumer l’apparence des chapeaux à la mode pour la gent féminine au XVIIIe, les termes discrets et épurés conviendraient à merveille pour décrire ce à quoi ils ne correspondaient pas du tout. Plus on monte dans l’échelle sociale, plus les chapeaux se font volumineux, baroques et originaux, abandonnant la notion même de confort. Même si on adopte l’habit masculin, on enfile au choix son tricorne ou son bicorne. Le styliste mondain ne recule devant aucune matière pour garnir ses chapeaux. Ainsi peut-on voir des couvre-chefs ornés de tissus, frou-frou, dentelle, traine de tissus et nœuds en tout genre qui prennent davantage de place avec les années à l’instar du chapeau qui occupe lui aussi un champ plus important sur les têtes. Viennent ensuite les plumes, d’abord avec parcimonie, puis avec prodigalité, si bien que l’on n’est plus en mesure de savoir s’il s’agit d’un chapeau orné ou d’un oiseau inerte. Le chapeau grandit, devenant plus grand que la tête, il peut se porter de côté, droit, relevé ou rabattu, mais toujours avec un attirail subreptice pour feinter l’aisance du maintien et le confort du chapeau.
A l’image des nobles, le chapeau se fait superficiel et inutile. Il est réduit à une simple mais élaborée démonstration de richesse. On a dépassé les raisons pratiques qui ont amenées sa création. Le port du chapeau devient un signe ostentatoire de richesse qui occupe une place de plus en plus importante sur le corps. On ne sait plus vraiment à quoi sert un chapeau, mais on est sûr qu’on se doit d’un mettre un.
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